Vous ne croyez pas si bien dire

Vous ne croyez pas si bien dire

Praxistipp
Édition
2024/25
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2024.1404974775
Bull Med Suisses. 2024;105(25):64-65

Publié le 19.06.2024

Communication médecin-patient
Mener une discussion au chevet du malade n’est pas une mince affaire. Pourtant, les patientes et patients doivent nécessairement être impliqués, notamment sur des sujets délicats. Notre auteure recommande deux techniques de communication.
La visite quotidienne est un élément clé de la prise en charge stationnaire. Outre son importance pour le diagnostic médical et l’évaluation du traitement, elle contribue aussi à l’échange entre médecins, personnel soignant et malades. La visite favorise la compréhension de l’évolution de la maladie et renforce la relation médecin-patient. Mais comment aborder les sujets sensibles tels que le diagnostic de tumeurs, les incertitudes médicales, les problèmes psychosociaux ou le manque d’adhésion au traitement?

Lors de la visite quotidienne, un peu plus de la moitié des malades sont concernés par au moins un sujet sensible.

Les sujets sensibles sont fréquents lors de la visite, comme le montre une étude suisse multicentrique: lors de la visite quotidienne, un peu plus de la moitié des malades sont concernés par au moins un sujet sensible. Pourtant, ces sujets sensibles sont moins souvent abordés au lit du malade que dans la discussion préliminaire entre soignants, avant d’entrer dans la chambre [1]. Cela tient peut-être au fait que le personnel soignant se sent mal à l’aise d’évoquer ces sujets devant d’autres patientes et patients ou devant toute l’équipe.
Les patientes et patients concernés par des sujets sensibles se montrent généralement moins satisfaits de leur traitement. Les divergences d’opinion entre équipe soignante et malades, voire les objections actives de ces derniers, sont des facteurs importants favorisant l’insatisfaction. Traiter les sujets sensibles de manière adéquate ne peut donc se faire sans une communication empathique et claire. Un échange respectueux et ouvert peut aider à atténuer les conflits et à améliorer la satisfaction.
Une communication centrée autour des malades aide ces derniers à exprimer ouvertement leurs doutes et pensées. Cela permet d’aborder les sujets les plus sensibles et de chercher ensemble les stratégies possibles. Ces sujets déclenchent souvent des émotions fortes chez les malades et leurs proches. Il est donc important d’y être préparé et d’offrir le soutien qui convient. Nommer les émotions («Je vois que vous vous inquiétez») et proposer son soutien («Comment puis-je vous aider dans cette situation?») sont des éléments primordiaux. Cela favorise non seulement la confiance, mais aussi la mise en place d’une solution spécifique. Des questions comme: «Comment vous sentez-vous par rapport à cette décision?» ou «Avez-vous des doutes ou des réserves?» aident également.
Apprendre à mieux gérer les sujets sensibles passe par des formations régulières pour développer ses compétences de communication. Un retour sur la visite de la part de professionnels, par exemple via le «bedside-teaching» (enseignement au lit du malade) et les accompagnements de visites, ou des exercices avec simulations et supervisions peuvent aider à s’entraîner aux échanges délicats et favorisent les feedbacks.
Prof. Dre méd. Sabina Hunziker Schütz Professeure ordinaire en communication médicale et médecin-cheffe adjointe en médecine psychosomatique à l’Hôpital universitaire de Bâle. Elle écrit ici régulièrement sur la communication médecin-patients.
1 Gross S, Becker C, Beck K, Memma V, Gaab J, Schutz P, et al. Occurrence of sensitive topics during ward round: an ancillary analysis of the BEDSIDE-OUTSIDE trial. BMJ Open. 2023;13(9):e073584.

© Luca Bartulović

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