Cette Genevoise espère guérir le sida

Cette Genevoise espère guérir le sida

Sarah Bourdely

Publié le 02.08.2023

Aujourd’hui, seules cinq autres personnes sont considérées comme probablement guéries de l’infection par le VIH après une telle greffe. Alexandra Calmy explique la particularité du patient de Genève: «Jusqu’à maintenant, il semblait acquis que seuls les patients ayant reçu une greffe médullaire avec la mutation génétique CCR5 delta 32 pouvaient avoir un espoir de guérison de leur infection par le VIH. En présentant le patient de Genève, nous exposons à la communauté scientifique que la mutation delta 32 n’est pas forcément ­indispensable. Cela ouvre des portes à des stratégies thérapeutiques peut-être moins agressives.»
Le cas du patient de Genève a fait sensation lors de la conférence internationale scientifique sur le VIH qui s’est tenue à Brisbane du 23 au 26 juillet: «Nous avons été sollicités après la présentation pour discuter des hypothèses et effectuer des analyses supplémentaires. Nous avons également été questionnés sur la façon de gérer une telle rémission ­durable.» Alexandra Calmy salue cet échange à l’échelle ­internationale: «Nous allons continuer à suivre le patient de Genève en collaboration avec nos collègues de l’Institut Pasteur et de l’Hôpital COCHIN. L’intelligence collective va être utile pour affiner nos hypothèses et réfléchir à des stratégies thérapeutiques.»
Pourtant, la bataille est loin d’être gagnée, comme le souligne la spécialiste en maladies infectieuses: «Il faut rester prudent, nous parlons de rémission durable et pas encore de guérison, car la durée de suivi à l’arrêt du traitement ­anti-VIH n’est que de 20 mois.» Alexandra Calmy envisage le futur avec un mélange d’optimisme et de réalisme: «Nous sommes conscients que ce protocole n’est pas transposable à large échelle, mais ce nouveau cas de rémission met en ­lumière des éléments inattendus sur les mécanismes qui contrôlent les réservoirs du virus, et ces éléments offrent un espoir pour le développement de traitements à visée curative. À terme, mon espoir est que la rémission ou la guérison du VIH ne soient plus des événements aussi exceptionnels.»

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Julie de Tribolet

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